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Les Réflexes - Partie 1

Dernière mise à jour : 4 nov. 2020

Un réflexe est un mouvement involontaire et non contrôlé, se produisant à la suite d’un déclencheur physique ou sensoriel et ayant pour fonction principale la protection et/ou la survie. L’inverse d’un mouvement réflexe est un mouvement contrôlé. Ainsi, lorsqu’un réflexe s’intègre, cela signifie que la personne gagne du contrôle dessus et que son mouvement ne se déclenche plus en dehors de sa volonté, excepté en cas de danger vital. Un mouvement contrôlé s’apprend et prend beaucoup plus de temps qu’un mouvement réflexe. Art-mella, dans son ouvrage « Émotions : enquête et mode d’emploi » représente ainsi nos trois cerveaux :

Les réflexes sont stockés dans notre cerveau reptilien. Le cerveau reptilien est le plus ancien de nos trois cerveaux et celui que nous partageons avec les animaux. Il est associé à l’idée d’instinct, de protection vitale et de réaction rapide. Ainsi, bien que nous ayons l’impression que nos pensées et notre raisonnement puissent être rapides, il n’en est rien par rapport aux émotions ; et encore moins par rapport à nos sensations et nos réflexes. Le cerveau reptilien a trois réactions de base pour nous protéger : La paralysie, la fuite ou la lutte. Lorsqu’un réflexe se déclenche suite à un stimulus (physique ou sensoriel), notre corps passe en « mode survie » et des réactions en chaîne se mettent en place pour nous sortir d’une situation dangereuse. Nous perdons alors temporairement le contrôle conscient de notre corps et de nos émotions, au profit de notre survie ou de notre protection ; d’où l’idée que le cerveau reptilien a toujours la priorité. Exemples : Vous pouvez sursauter involontairement à l’appel de votre prénom (réflexe de Strauss). Ici, le déclencheur provient du canal sensoriel auditif (entendre votre prénom) et génère une réaction physique brève, impliquant tout le corps (le corps se tend et se prépare à une réaction de fuite ou de lutte). Dans notre quotidien, ce réflexe est utile pour les relations sociales et ramener l’attention de notre interlocuteur en le nommant. Mais dans un monde plus primitif, il était nécessaire à notre survie. Être appelé pouvait signifier être prévenu d’un danger vital (prédateur ou autre) et nécessitait bien souvent une réaction rapide. Si un objet imprévisible arrive rapidement près de votre visage, vous fermerez automatiquement les yeux (réflexe de l'orbiculaire des paupières, ou réflexe cornéen). Le déclencheur est visuel et a pour but de protéger la cornée. Bien évidemment, vous n’avez pas le temps de vous dire « Un objet arrive sur mon visage et risque d’abimer ma cornée, je dois fermer les paupières ». Non. Cela se fait instinctivement et trop rapidement pour que la pensée consciente ait le temps de s’installer. C’est le principe des réflexes. Une fois le danger passé, nous revenons à un état de détente, permettant l’accès à notre néocortex et notamment au cerveau pré-frontal, qui s’occupe des apprentissages et du raisonnement. Suivant cette logique, une personne stressée serait incapable d’apprendre. Cela explique pourquoi en période d’examen (pouvant générer du stress), les personnes se sentant très stressés peuvent perdre leurs moyens, avoir des blancs malgré leurs révisions, etc. Le processus est le même que pour un danger vital, puisque le cerveau reptilien ne fait pas la différence entre un danger réel ou imaginaire. Il ne prend en compte que les sensations. Dans nos sociétés hyperactives et hyperstimulantes sensoriellement, il n’est donc pas étonnant que de nombreuses personnes soient touchées par un stress chronique pouvant mener à des maladies. Chez l’homme, le cerveau reptilien n’est pas fait pour fonctionner à plein régime. Chez les petits mammifères, cela raccourcit d’ailleurs leur espérance de vie. Or, aujourd’hui beaucoup d’adultes sont en hypervigilance constante, en état d’alerte et donc en « mode survie » quotidien. Par des stratégies coûteuses, ils gardent un accès limité aux autres parties cérébrales, mais peuvent plus facilement perdre le contrôle et être débordés par leurs émotions (même pour des déclencheurs parfois inappropriés). Les enfants vivant dans notre monde avec nos modèles d’hypervigilance, développent eux aussi ce fonctionnement néfaste et parfois, n’intègrent même jamais leurs réflexes (ils ne développent donc pas le contrôle suffisant pour fonctionner efficacement). De plus en plus tôt, les enfants nous parlent de STRESS. Ils sont tendus, insécures, avec des difficultés voire des troubles des apprentissages, des troubles du sommeil, de l’alimentation, de la régulation des émotions, etc. Leur cerveau étant encore en construction, avec une plasticité cérébrale accrue, rester dans ce mode de fonctionnement archaïque joue donc négativement sur leur développement cognitif, émotionnel et social. Or, au risque de me répéter, le cerveau est fait pour apprendre uniquement dans la détente. C'est pourquoi les enfants apprennent et retiennent mieux lors de jeux ou d'activités ludiques. Le jeu amène la détente, qui amène l'apprentissage. Avoir des attentes ou des exigences génère du stress et donc le risque d'activer les réflexes, bloquant l'accès à une majorité de nos capacités cérébrales. Cela reste parfaitement logique, puisque vous n'allez pas apprendre la conjugaison d'un verbe ou comprendre des notions de division, pendant que votre corps se prépare à fuir, combattre ou pendant qu'il est paralysé par la peur. CQFD La bonne nouvelle : Il est possible, à tout âge et à tout moment de la vie, d’intégrer ou de réintégrer ses réflexes et donc de gagner en contrôle sur nos émotions et nos comportements automatiques (voire parfois impulsifs). Il existe de nos jours de nombreuses techniques d’intégration des réflexes : RMTi (Rhythmic Movement Training international), Padovan (Réorganisation Neuro-Fonctionnelle), RSM (Rééquilibrage Sensoriel et Moteur), MNRI (Masgutova Neurosensorimotor Reflex Integration), IMP (Intégration Motrice Primordiale), etc. À mon sens, il n’y en a pas une meilleure que l’autre. Ce sont simplement des regards différents et des philosophies d’approches différentes. Mais nous travaillons tous sur le même corps, avec les mêmes chaînes musculaires et la même boîte à outils de réflexes. De plus, toutes ces techniques sont basées sur l’observation du nouveau-né et des stratégies naturelles qu’ils emploient. Dans le développement normal, l’intégration des réflexes se fait par des mouvements du corps et des expérimentations dans le jeu, menant au développement progressif du contrôle des réflexes. Les mouvements sont des mouvements naturels que font spontanément les enfants au cours de leur développement et qu’on retrouve également dans plusieurs cultes religieux, Asanas (postures de yoga), dans le Qi Gong, etc. Ce sont des mouvements universels qui organisent notre corps, l’équilibrent et intègrent nos réflexes. Lorsqu’ils sont fait de façon précise, bien dosée, avec un rythme et une intention, ils permettent d’intégrer nos réflexes archaïques et de développer/renforcer nos réflexes posturaux (nous parlerons de ces deux familles de réflexes dans le prochain article). Si vous allez consulter un professionnel pratiquant une technique d’intégration de réflexes, il testera vos réflexes et établira un programme d’intégration par des mouvements bien dosés et répétitifs. C’est la répétition qui permet l’intégration. Le corps a un rythme bien à lui et universel de 21 jours (minimum !). En effet, il faut à notre corps environ un mois pour intégrer un changement. Le travail d’intégration ou de réintégration des réflexes se fait donc par étapes successives pour remodeler notre fonctionnement cérébral et gagner en contrôle conscient. La durée varie d’une technique à l’autre, d’un objectif à l’autre et bien évidemment d’une personne à l’autre. Bien que nous ayons tous les mêmes réflexes, ils ne sont pas « emboités » de la même manière, ni intégrés au même degré selon les personnes. Pour aller plus loin dans la compréhension des réflexes, je vous invite à lire le second volet de cette série d’articles : « Deux types de réflexes pour optimiser notre fonctionnement ». ;) 01/05/2020


Quelques références incontournables :


Apprendre par le Mouvement, Paul Dennison – Ed. SULLY

Le mouvement clé de l’apprentissage, Paul Dennison – Ed. du Souffle d’or

Maman, Papa, j’y arrive pas, Marie-Claude Maisonneuve – Ed. Quintessence

Technique Alexander : Méthode pratique, Richard Brennan - Broché

Nombreuses références sur le site de Claire Lecut :

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